Alors j’aimerais que nous écoutions cette invitation qu’elle donnait à
la parole de l’autre, et que nous racontions, même si ce cimetière est
aux antipodes de son bureau en désordre, même si sa fumée de cigarette
ne tournoie plus dans les airs. Racontons ici, en ce lieu, qui fut Elsa
Cayat, ce qu’elle fut pour ses parents, ses frères et sœurs, pour sa
famille, son compagnon, ses neveux, ses patients, ses collègues, pour sa
famille de Charlie Hebdo, pour sa fille.
Il nous faut raconter ici la femme exceptionnelle d’intelligence, de
vivacité d’esprit et d’humour que vous avez connue. Il faut raconter la
vie d’une femme hors du commun comme on raconte une histoire – et je
crois qu’elle adorait les histoires. Comme elle adorait les livres.
Adolescente, elle avait dit à sa sœur : « Tu dois lire au moins un
livre par jour ! Nietzsche, Heidegger, Freud… Peu importe ! ». C’était
là le régime minimal de la culture et de l’amour du savoir et des mots
tel qu’elle les concevait..''
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